elvire debitus x jacques
création et tissage d’une tapisserie contemporaine.

notre souhait était de réaliser une tapisserie grand format avec un dessin exclusif, dans la même veine que les tableaux patchworks que je réalise et qui représentent des architectures modernes.

je conçois mes patchworks de manière plutôt intuitive, en partant des tissus de couleurs dont je dispose sur le moment.
la couleur est, dans un premier temps, mon guide, elle me permet en fonction des contrastes choisis de doser sa force et de définir mes formes qui seront les socles de mes futures architectures.

j’ai pris le parti de travailler légèrement différemment pour la tapisserie.
le grand format étant plus complexe à appréhender, j’ai commencé par des dessins préparatoires pour ensuite confirmer mes choix en travaillant avec des échantillons de tissus (photo 1).
un dessin échelle 1/1, en couleur, validé par elvire clôturera mon choix final.

ce travail de création fini, le dessin et le détail des couleurs, sous formes d’échantillons, partent chez elvire qui s’apprête à débuter l’étape du tissage.

dans un premier temps, elvire doit s’atteler au choix de ses fils qui, une fois tissés, doivent correspondre aux couleurs préalablement définies.
c’est une étape longue et importante, mon travail reposant pour beaucoup sur la couleur.
une fois les fils définis, et son métier monté, elvire tisse des premiers essais (photo 2 ) pour savoir comment réagissent les couleurs entre-elles, comment reproduire l’effet patchwork, comment apporter du volume etc…
cette étape assez réjouissante nous permettra de faire des ajustements de couleurs et de définir où apporter du volume en alternant les tissages.
s’en suit une autre étape réalisée à l’aide du dessin en taille réelle qui est de baguer les fils ( reproduire le dessin sur les fils en les entourant d’encre de chine ) pour simuler et marquer les futures zones de couleurs.

le tissage a proprement parlé peut enfin commencer. débute alors un ballet de mains qui tissent au son des outils, entres autres broches (outil en bois où s’enroule le fil et qui sert également à tasser avec sa pointe, photo 3 et 8), et peignes en métal (outil servant à tasser les fils).

le travail est long et précis, il faut savoir doser la pression que l’on exerce sur les fils pour ne pas que l’ensemble de la tapisserie se déforme.
le tissage se fait à la verticale sur un métier en bois (photo 5). on l’appelle tissage de haute-lisse dans la tradition de lamanufacture des gobelins.
au fur et à mesure du tissage, la tapisserie s’enroule sur un « axe » en bois, ainsi, on ne voit le résultat final qu’une fois l’ouvrage fini, à l’étape dite du « tomber de métier« , après un coup de ciseaux pour séparer la tapisserie du métier. le temps des derniers finitions est enfin arrivé (photo 6), il faut couper des fils, faire les ourlets, définir et poser un système d’accroche qui permettra de suspendre l’oeuvre au mur.

Après des mois de travail en commun, des premiers dessins à la réalisation, la tapisserie est enfin prête à être dévoilé au public.

à propos d’elvire debitus, lissière à tours:
elvire debitus est née à tours en 1990. après une vie de juriste en droit de l’environnement et des expériences professionnelles variées, elle se reconvertit dans l’artisanat textile en 2017, à bordeaux.
elle y fonde ateliers harper, une marque artisanale où elle crée des tapisseries, des accessoires et des bijoux tissés.
en 2020, elle intègre la Manufacture des gobelins à paris, où elle apprend l’art de la tapisserie française pendant 2 ans, auprès de lissiers hautement qualifiés. elle y obtient son diplôme et devient lissière.
elle installe son atelier de tapisserie de haute-lisse à tours, en 2022.
dû au temps requis pour réaliser une tapisserie, seul un nombre limité de pièces sont tissées à l’atelier chaque année.
elvire debitus réalise aussi des tapisseries sur-mesure.

elviredebitus.com